A l’instar de la première gorgée de bière, on se souvient tous de la première fois qu’enfin, seul, loin de ses parents et parfois même de la civilisation, on s’est retrouvé, entre amis ou avec une petite amie, abrité d’une toile de tente ou par les lauzes d’un refuge du Club Alpin Français, à passer une soirée puis une nuit hors de chez soi.
C’est un peu le sentiment que nous avons eu lors de ces premières soirées à Sunflower Court.
Certes il y avait un toit, des murs, un chauffage et même une climatisation, de quoi faire cuire des aliments et se doucher. Loin donc du spartiate complexe sol/tapis de sol/double toit/toile de tente de nos canadiennes d’antan.
Mais point de lit, de canapé, de chaine hifi ou de télé pour s’abreuver de CNN ou de FOX News (beurk).
Point de casserole, de poêle, d’assiette, de couvert, de verre… Point de sel, de sucre, de gervita ni de crème de marron. Aucune confiture de groseille de Valbonnais. Pas l’ombre d’une ratte. Pas un grain de poivre, un pistil de safran (ah, si, ça on l’avait mis dans la valise ;), une pincée de cumin, une once de curcuma.
Bref, nus comme des vers, les choses essentielles au « se sentir chez soi », et se sentir chez soi en pareille situation est plus que vital quand les burritos et autres burgers vous font tomber le menu des mains à sa lecture, les choses essentielles donc ne sont pas ou pas encore là.
Mais comme sous la canadienne ou au refuge du mont Tabor, ce doux sentiment que même démunis des choses qui nous semblent pourtant les autres jours indispensables, il est non seulement possible de vivre, mais il est envisageable de prendre plaisir à le faire, nous gagne et nous enivre délicieusement. Ce sont les joies du camping !
Les meubles ne sont pas les mêmes non plus car les dimensions américaines ne sont pas les mêmes. Chouette, des achats en plus pour les petits étrangers qui n’avaient pas prévu de renouveler le linge de maison.